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Avéal : 60 % des emplois sauvegardés

Au niveau du siège d'Avéal, à Charolles (Saône-et-Loire), l'usine d'aliments est transférée à la société Philicot. Le dépôt d'appro et le magasin Gamm vert sont repris par la coopérative Bourgogne du Sud.

Le sort de la coopérative Avéal a été scellé le 28 juin, avec sa mise en liquidation judiciaire et la validation d’une offre de reprise des sites par un consortium de trois coopératives et d’une entreprise privée permettant de préserver 62 emplois sur 104. Les repreneurs témoignent.

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Placée en redressement judiciaire le 22 décembre 2023, la coopérative Avéal, en Saône-et-Loire, avec une activité en élevage, cultures et jardineries, faisait l’objet d’une recherche de repreneurs (ou d’une solution d’adossement), lancée le 8 février dernier par l’administrateur judiciaire et clôturée en avril.

Parmi les dossiers reçus, c’est l’offre d’un consortium formé par trois coopératives et une entreprise privée qui a été retenue et validée, avec date d’effet au 1er juillet 2024, par le tribunal de commerce de Mâcon, lors d’une séance du vendredi 28 juin durant laquelle la liquidation judiciaire d’Avéal a été également prononcée. Cette offre est en effet la plus aboutie puisqu’elle permet de préserver la plupart des sites, hormis la partie administrative du siège, à Charolles, et une filiale de distribution de fuel et GNR qui a été reprise par ailleurs, et de sauvegarder le plus d’emplois, 62 sur 104.

Une mobilisation saluée par la procureure

Cette offre a été coconstruite par les coops voisines du territoire d’Avéal, Bourgogne du Sud (Saône-et-Loire), Coopaca (Allier) et Eurea (Loire), et le fabricant d’aliments privé Philicot qui les a rejointes, possédant déjà deux usines en Bourgogne-Franche-Comté. Une offre dont l’intelligence collective a été saluée, lors de la séance au tribunal, par la procureure qui « nous a remerciés pour notre mobilisation », précise Yves Courrier, directeur général de Coopaca.

Une mobilisation relatée par Bertrand Relave, directeur général du groupe Eurea : « Nos trois coopératives, qui se connaissent très bien et adhèrent d’ailleurs à la même centrale d’achats Area, se sont concertées pour trouver une solution évitant le morcellement du territoire et préservant le plus possible les sites et les emplois. »

De la cohérence territoriale avant tout

La construction de l’offre s’est déroulée naturellement en suivant une logique territoriale pour chacune des entreprises. « Nous nous sommes réparti les sites les plus proches de nos territoires respectifs », détaille Yves Courrier, dont la coopérative a récupéré sept magasins (appro et Lisa avec un point de collecte sur certains sites) situés à l’ouest de la Saône-et-Loire. Cinq d’entre eux rejoignent le périmètre de sa filiale négoce Guichard.

Pour sa part, Bourgogne du Sud a repris six sites, avec dépôts d’appro et Lisa (et aussi un point de collecte pour deux d’entre eux), à l’ouest de sa zone d’activité (et à l’est du territoire d’Avéal), ainsi que leurs 24 salariés, rencontrés le 3 juillet. « Dans nos statuts, notre territoire couvre toute la Saône-et-Loire, mais nous n’étions pas présents ni commercialement ni avec des sites sur la zone d’Avéal par respect les uns pour les autres », explique Aline Saget, directrice juridique, RH et communication de Bourgogne du Sud.

Extension géographique pour Eurea

Quant à la coopérative Eurea, elle s’inscrit dans une dynamique d’extension de son territoire au sud de la Saône-et-Loire, avec la reprise de deux dépôts d’appro et Lisa, l’un d’eux étant aussi équipé d’un site de collecte, et de leurs neuf salariés, dont deux technico-commerciaux. « Nous allons rouvrir les magasins que nous rénoverons plus tard », ajoute Bertrand Relave.

Coopaca compte rénover également les magasins repris ainsi que l’explique son directeur : « Nous allons présenter au personnel notre projet de rénovation. Nous voulons faire le nécessaire pour mettre aux normes et pérenniser ces sites. » Les Lisa et jardineries sont d’ailleurs sous enseigne Gamm vert, Gamm vert Village ou Jardineries du terroir.

Les deux usines d’aliments, situées l’une au siège social d’Avéal à Charolles, l’autre à Luzy (Allier), rejoignent le parc des sept usines de l’entreprise familiale Philicot. Et la filiale de distribution de fuel et de GNR, Bourbince distribution, a trouvé repreneur grâce à une autre offre, indépendamment de celle du consortium.

100 000 € versés au PSE

Ces opérations de reprise se sont inscrites dans une volonté de « maintenir le plus d’emplois possible », souligne le DG d’Eurea. La quarantaine d’emplois qui n’ont pas pu être préservés concerne les fonctions administratives du siège et des chauffeurs. Un PSE va être mis en place avec obligation, durant un an, pour les repreneurs, de proposer en priorité leurs offres d’emploi à ces salariés. Ce PSE est financé en partie, à hauteur de 100 000 €, par les quatre entreprises.

Le souhait du maintien d’une certaine proximité en termes d’appro et de collecte, pour les agriculteurs, a aussi prévalu. « Les conseils d’administration de nos coopératives ont eu la même analyse, relate Yves Courrier. Ils se sont senti un devoir, une mission de se positionner afin de maintenir un tissu de proximité sur le territoire charolais. Et dans cet élan de solidarité envers nos territoires, nous avons été rejoints par un privé. »

La question des adhérents

La question du devenir des agriculteurs-adhérents d’Avéal (1 450 adhérents actifs début 2024) est justement posée, certains ayant toutefois déjà anticipé la situation en quittant la coopérative avant le verdict final.

Pour les autres adhérents se retrouvant orphelins, « chacun va réagir à sa façon, poursuit le directeur de Coopaca. Ils pourront, s’ils le souhaitent bien sûr, rejoindre une de nos coopératives en tant qu’adhérent ou tiers non associé s’ils ne veulent pas prendre de parts sociales. »

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